Stagiaires 2022/2023 : copie à revoir Monsieur le Recteur

L’académie de Toulouse, toujours très en avance quand il s’agit d’en demander toujours plus à ses personnels, prévoit, pour les stagiaires temps plein de l’an prochain, le blocage d’une journée dans leur semaine afin de leur permettre de suivre les formations auxquelles ils ont droit. Le but est bien entendu que les élèves qui leur seront confiés ne soient pas privés de cours durant ces journées de formations. Le Recteur de l’académie argumente alors qu’il y a de plus en plus de plaintes de parents envers l’État au vu du nombres de cours manqués. On ne se pose bien évidemment pas la question du remplacement, on préfère accabler de travail celles et ceux qui sont face aux élèves, et notamment celles et ceux qui entrent dans le métier et qui doivent valider leur année de stagiaires.

Si la volonté est de ne faire manquer aucun cours aux élèves, qu’importe aujourd’hui si cela doit se faire au détriment des enseignants, de leur santé physique et morale. Nous avons même un nouveau ministre de l’Éducation Nationale prêt à nous faire rattraper les cours que nous n’avons pu dispenser pour cause de maladie. C’est sûrement cela une réforme progressiste dans la tête de nos dirigeants. Mais jusqu’où sont-ils capables d’aller ? Et jusqu’où accepterons-nous ce mépris ?

Dans le premier degré, la situation est encore pire si cela est possible. Les professeurs d’école stagiaires devront se former aussi durant les vacances scolaires ; trois jours durant les vacances de Toussaint et deux durant celles de février.

Tout cela est à relier bien entendu au manque de personnels remplaçants dû à une politique de recrutement des enseignants qui est aux antipodes de ce qu’il conviendrait de faire. Pour améliorer le recrutement, au moins deux leviers sont pourtant simples et connus. Tout d’abord, augmenter le nombre de postes aux concours. Mais la situation d’aujourd’hui montre qu’il n’y a plus assez de candidats qui se destinent au métier d’enseignant et que tous les postes offerts ne sont pas pourvus. D’où le second levier qui est l’augmentation des rémunérations, non seulement celles des débuts de carrière qu’il faut augmenter très fortement, mais aussi sur l’ensemble des grilles salariales des enseignants.

C’est un choix politique que le gouvernement MACRON et consort se refuse à faire (le « quoi qu’il en coûte », ce n’est pas pour l’Éducation). Et ce n’est pas avec une augmentation de 3,5% du point d’indice que l’on incitera les jeunes à se diriger vers la profession d’enseignant alors même que l’inflation attendue cette année va se situer aux alentours des 7%.

Pour en revenir à la formation des stagiaires 2022/2023, le choix de l’académie de Toulouse est de plus en contradiction avec la note de service ministérielle qui devrait préciser : « Pour le stage en responsabilité, ils (les stagiaires) sont soumis à l’ORS du corps considéré, avec un crédit annuel obligatoire de 10 à 20 jours de formation adaptée à leurs besoins, défini par la commission académique. Lorsque cette formation intervient pendant un temps d’enseignement devant élève, les stagiaires bénéficient à ce titre et automatiquement d’autorisations d’absence. Ces 10 à 20 jours sont dédiés à la formation, à l’exclusion de toute autre activité organisée dans le lieu d’affectation. Le crédit des jours de formation est organisé sur le temps de service des stagiaires, tout en veillant au respect de la continuité pédagogique et du caractère obligatoire de la formation ». Nous avons utilisé le conditionnel, car cette note de service qui aurait dû être publiée le 23 juin (déjà très très tard pour une préparation de rentrée) le sera normalement le 7 juillet. Là encore si ce n’est pas une volonté de nous mettre en difficulté, ce serait en tout cas révélateur d’une méconnaissance du fonctionnement de nos établissements de la part des technocrates qui nous dirigent.

Rien n’empêchait donc nos stratèges académiques d’organiser les 10 journées de formation (puisqu’ils ont choisi ce nombre sur les 20 possibles) sur différents jours de la semaine afin que ce ne soit pas toujours les mêmes classes qui subissent les absences de leur enseignant. Certainement trop complexe pour les cadors qui prévoient les plannings de formation … mais il est vrai, puisque nous ne sommes plus consultés, ni entendus, que la réalité du terrain leur échappe.

En ne donnant plus aucune information aux organisations syndicales concernant ces personnels, mais aussi les étudiants alternants et les contractuels, l’administration contribue à rompre les liens qui existaient dans notre profession et participe de ce fait à l’individualisation de notre société.

Nous comptons donc sur chaque titulaire pour nous communiquer toute information concernant les personnels non titulaires qui arriveraient dans vos établissements. Vos remontées de terrain contribueront ainsi à lutter contre l’individualisation galopante de notre civilisation.