LOI TRAVAIL, décryptage* :
Cette loi que le
gouvernement Macron/Philippe veut faire passer en force par ordonnance ce
caractérise par :
-Moins de droits
pour les salariés
Ainsi, avec l’inversion de la hiérarchie des normes,
seuls 3 domaines resteraient définis nationalement : le Smic (que le
gouvernement veut revoir), l’égalité homme-femme au travail (qui reste à
conquérir), les seuils d’exposition aux risques.
Tout le reste (majoration des heures supplémentaires,
salaires, temps de travail, règles de sécurité et santé, …) pourrait être remis
en cause au sein de chaque entreprise.
-Moins de
contre-pouvoirs syndicaux
La loi organiserait le contournement ou
l’affaiblissement des contre-pouvoirs syndicaux avec le référendum patronal, le signature d’accords dérogatoires sans les syndicats, la
fusion des instances de représentation (CHS, CE, délégués du personnel),
suppression des instances de proximité …
-Plus
de protections pour les chefs d’entreprise
Avec le plafonnement des indemnités en cas de licenciement
abusif, la non sanction pour des vices de forme, virer
un salarié sans justification valable aux yeux de la loi, deviendrait plus
facile et moins onéreux.
Avec les ruptures conventionnelles collectives, dont
on connait déjà les dérives quand celles-ci sont individuelles, il s’agirait
désormais de plans collectifs de rupture « d’un commun accord »qui
permettraient à l’employeur de contourner la procédure de licenciement inscrite
dans la loi en faisant, au passage, pression sur les salariés tout en écartant
les syndicats récalcitrants.
Négociations ?
La rédaction des
ordonnances de la loi travail a donné lieu à plus de 300h de travail avec les
organisations syndicales, dans le cadre d’un dialogue social. Vous remarquerez
qu’on ne parle plus de négociation.
En effet, c’est un échange
très particulier.
Sans les fuites parues
dans la presse, les syndicats, reçus séparément (diviser pour régner est une
méthode bien connue), auraient découvert le contenu au fur et à mesure des
entretiens avec exigences du gouvernement (bien entendu non respectée) de non divulgation
des éléments discutés.
Débat
parlementaire ?
La loi sera soumise au
parlement par voie d’ordonnance. C'est-à-dire qu’elle ne sera ni discutable, ni
amendable. L’Assemblée Nationale est réduite à l’état de chambre
d’enregistrement et les députés deviennent les valets du gouvernement.
C’est un 49.3 XXL.
Quelles
conséquences ? Pauvreté et précarité
Il faut mettre cette
transformation, véritable revanche patronale (le MEDEF applaudit des 2 mains)
sur l’organisation solidaire de notre société héritée de la résistance (et qui
demandait effectivement d’être actualisée et améliorée) en parallèle avec les
aides déjà données aux entreprises (CICE
et pacte de solidarité, c’est des dizaines de milliards qui sont donnés sous
forme de crédit d’impôts)
Voilà 30 ans que le code
du travail est réformé par touches successives (multiplication des contrats de travail, suppression l’autorisation
administrative de licenciement, loi Rebsamen, … toutes sous la pression du
patronat) sans que l’augmentation du chômage ne soit enrayé, bien au
contraire et malgré les promesses.
Dans les pays qui ont déjà
réformé leur code du travail en favorisant la flexibilité de l’emploi, en
augmentant les pouvoirs aux chefs d’entreprise, on observe effectivement une
baisse du chômage, mais au prix d’une grande précarité, d’un appauvrissement
conséquent des salariés (« il vaut
mieux des travailleurs pauvres que des chômeurs ») et d’un contrôle
extrêmement coercitif et culpabilisant des aides sociales, réduites.
C’est ainsi en Allemagne*²,
modèle mis en avant par Macron.
A qui profite le
crime ?
Il faut rapprocher cette
réforme de la loi travail des premières décisions de ce gouvernement :
suppression de l’impôt sur la fortune, augmentation de la CSG, gel du point
d’indice et réintroduction du jour de carence en cas de maladie des
fonctionnaires, suppression brutale des emplois aidés,…
On voit bien pour qui
travaille ce gouvernement !
Et parce que ça ne suffit
pas, ils comptent bien s’attaquer très prochainement, au SMIC, à la protection
sociale et aux retraites, à la fonction publique …
Quand les
décisions sont impopulaires, réprimons la rébellion !
Pour compléter le tableau,
la nouvelle loi de sécurité intérieure (adoptée par ordonnance elle
aussi !), sous couvert de lutte anti-terroriste (dont la menace n’est pas
à remettre en cause) permettra à tout moment de réprimer, voir interdire la
contestation sociale, comme ce fut le cas lors de la COP21 ou le mouvement
social contre la loi "El Khomry", en
intégrant dans le droit commun des dispositions exceptionnelles de l’état
d’urgence*³.
Alors, sommes-nous
d’accord avec une telle transformation de notre société ?
Dites NON à cette société du fric avant tout
OUI un autre
code du travail est possible
Et le petit guide édité par attac
*²lire à ce sujet "L’enfer du miracle allemand" Le monde diplomatique, septembre 2017
*lire à ce sujet l’analyse du syndicat de la magistrature et l’avis de la Commission Nationale Consultative des
Droits de l’Homme (présidée par J.Toubon)