STAPS et Parcoursup, un premier bilan

En cette semaine d’ouverture du serveur Parcoursup et en plein mouvement de contestation de la réforme du lycée, le SNEP Toulouse vous propose le bilan 2018 mis en ligne par Didier DELIGNIERES, président de la Conférence des Directeurs et Doyens d’UFR STAPS (C3D).

Et bien évidemment le SNEP vous souhaite de joyeuses fetes!

« Un mois après la rentrée universitaire, nous sommes en mesure de proposer un premier bilan de la nouvelle procédure d’admission. Basé sur des données collectées auprès des UFR et départements STAPS, ce bilan tente de dresser un bilan objectif, loin des discours angéliques des uns et des diatribes caricaturales des autres.

L’enquête que nous avons réalisée porte surtout sur la composition des promotions de licence 1 à la rentrée 2018 et a été renseignée par 43 structures. Ces résultats concernent 17392 places de Licence 1 sur 18513, soit 93.9% de la capacité nationale. Les parcours particuliers (kiné, équitation, ENS, etc.) n’ont pas été comptabilisés. L’enquête fait apparaître des évolutions marquées. La première ligne du tableau suivant correspond aux statistiques APB de l’année 2017 (les candidats ayant été tirés au sort, on fait l’hypothèse que la composition des promotions de licence 1 était similaire à celle des candidats), la seconde aux candidats ayant postulé à une licence STAPS en 2018 sur ParcourSup, et la dernière aux candidats ayant accepté la proposition.

% Filles % Bac S % Bac ES % Bac L %Bac Techno % Bac Pro
APB 2017 28.0 44.8 23.2 2.8 19.4 5.9
Candidats 2018 29.8 52.2 24.6 2.5 16.9 4.3
Admis 2018 30.9 53.3 26.7 2.6 15.7 3.9

D’une manière générale on observe cette année un accroissement de 3% des filles. Au niveau des séries de baccalauréat, on a un accroissement d’environ 9.5% des bacs S, de 3.5% des bacs ES. Les bacs L restent stables (-0.2%). On observe enfin une baisse des bacs technologiques (-3.7%) et des bacs pros (-2%).

Ces résultats permettent également de mettre en évidence deux types d’effet : un effet « attendus », en comparant la première ligne et la seconde, et un effet classement, en comparant la seconde et la troisième. Les évolutions sont déjà présentes dans la composition des cohortes de candidats, ce qui montre que les informations données par ParcourSup sur les attendus et les pourcentages de réussite ont joué un rôle essentiel. Le classement des candidats et la procédure d’admission ne font que renforcer ces tendances. Chacun pourra bien sûr interpréter ces résultats à sa guise, auto-censure programmée ou orientation salutaire.

Les données recueillies font également apparaître des effets moins attendus, notamment entre les UFR et leurs antennes. Les deux tableaux suivants synthétisent les données de Calais, Boulogne et Dunkerque d’une part, et de Rennes et Saint Brieuc d’autre part. Entre les structures principales et leurs antennes, on voit que le pourcentage de filles diminue, ainsi que le pourcentage de bacs S. Les pourcentages de bacs ES, L, technologiques et professionnels tendent au contraire à augmenter fortement.

% Filles % Bac S % Bac ES % Bac L %Bac Techno % Bac Pro
Calais 28.7 59.7 23.0 4.0 9.3 1.4
Boulogne 14.0 34.3 39.0 3.1 20.3 3.1
Dunkerque 32.4 41.1 33.8 1.4 20.5 5.8
% Filles % Bac S % Bac ES % Bac L %Bac Techno % Bac Pro
Rennes 34.9 53.7 30.7 1.7 12.0 2.0
Saint Brieuc 26.4 40.5 28.1 2.9 23.6 5.0

On observe des tendances similaires, dans une même académie, entre deux structures autonomes mais de tailles et d’antériorité différentes : le tableau ci-dessous contraste les données de Montpellier et de Nîmes.

% Filles % Bac S % Bac ES % Bac L %Bac Techno % Bac Pro
Montpellier 28.8 61.5 23.3 1.4 11.1 2.4
Nîmes 22.1 40.0 29.5 3.2 24.2 4.2

Ces différences sont déjà présentes dans la composition des cohortes de candidats, mais s’accroissent nettement lors de la procédure d’admission. Elles mettent en évidence le poids des desiderata des candidats dans le fonctionnement de ParcourSup. On peut évidemment craindre que ces différences ne débouchent sur des contrastes importants en termes de réussite. L’ouverture de nouveaux centres de formation, dans le cadre du Plan Etudiants, si elle a en effet contribué à l’accroissement de la capacité d’accueil nationale, risque aussi d’induire des différences locales auxquelles la C3D doit réfléchir de manière collective.

En ce qui concerne le remplissage des capacités d’accueil, le ministère a annoncé à la clôture de la phase principale de ParcourSup qu’il y avait 1000 places vacantes en STAPS. Ce chiffre était surprenant, mais les données remontées des UFR font en effet apparaître 687 places vacantes, sur les 43 structures ayant répondu. On peut supposer que les parcours spécifiques présentent également quelques places vacantes. Les situations locales sont par ailleurs très disparates. Certains UFR complètent leurs capacités d’accueil mais conservent beaucoup de candidats en liste d’attente (Bordeaux, Brest, Caen, Montpellier), d’autres affichent des places vacantes mais ont encore des candidats en attente (Lille, Poitiers). Certains ont été au-delà de leurs capacités initiales pour épuiser leur liste d’attente (Grenoble). Enfin certains UFR ne comblent pas leur capacités d’accueil et n’ont plus de liste d’attente, ce qui suggère une surcapacité locale (Nice, Le Mans, Metz, Nancy). Certains chiffres ont sans doute évolué depuis la première vague de réponse. Il semble cependant que les rectorats ont géré de manière différente d’une académie à l’autre le processus d’admission.

Ces chiffres enfin correspondent à la situation observée à la fermeture de ParcourSup. Depuis les UFR ont repris la main sur le processus d’inscription, et ont notamment pu contacter des candidats placés en tête des listes d’attente. Nous lançons actuellement une seconde enquête qui nous permettra de faire un bilan définitif. »

Retrouvez l’ensemble des articles de Didier DELIGNERES sur son blog à l’adresse suivante:

http://blog.educpros.fr/didier-delignieres/